Les États-Unis, en collaboration avec le Canada et le Royaume-Uni, ont imposé le jeudi 10 août des sanctions économiques pour corruption à l’encontre de l’ancien gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, qui a quitté son poste le 31 juillet après 30 ans à la tête de l’institution.
Le département américain du Trésor a précisé dans un communiqué que ses “actes corrompus et illégaux ont contribué à l’effondrement de l’État de droit au Liban”.
Abus de pouvoir
Riad Salamé “a abusé de sa position de pouvoir, probablement en violation de la loi libanaise, afin de s’enrichir personnellement et d’enrichir ses associés en acheminant des centaines de millions de dollars par le biais de sociétés-écrans à plusieurs niveaux, dans le but d’investir dans l’immobilier européen”, précise également Washington.
Les mesures prises par les États-Unis et leurs partenaires impliquent principalement le gel des avoirs de M. Salamé, ainsi que de ceux de ses proches également inscrits sur la liste noire, dans ces pays. L’intéressé a déclaré à l’agence Reuters qu’il avait l’intention de “contester” la décision. L’administration américaine affirme que ces “sanctions coordonnées” viennent “compléter” les enquêtes en cours, menées en Europe et au Liban. En mai, deux mandats d’arrêt ont été émis par les justices française et allemande. Présentant sa situation comme celle d’un “bouc émissaire”, l’ancien gouverneur a toujours nié les accusations de détournement de fonds publics et de blanchiment d’argent.
Riad Salamé est également sous le coup d’enquêtes judiciaires au Liban et en Europe, avec des investigations en cours concernant sa fortune en Europe. L’ancien banquier d’affaires franco-libanais fait ainsi l’objet de deux mandats d’arrêt émis par la France et l’Allemagne. La justice française a par ailleurs procédé à 12 saisies de ses biens immobiliers et financiers, d’une valeur totale de plusieurs dizaines de millions d’euros. En 2022, la France, l’Allemagne et le Luxembourg ont également gelé des avoirs d’une valeur de 120 millions d’euros, soupçonnés de lui appartenir.
Les sanctions américaines sont « certes tardives, mais elles sont loin d’être anodines, estime l’avocat Karim Daher, actif dans la lutte contre la corruption. Elles vont compliquer toute transaction sur d’autres places financières. Les banques qui opèrent en dollars ne veulent pas prendre de risque de traiter avec une personne fichée par le Trésor américain. Ces sanctions sont aussi le signe que l’étau se resserre à l’international autour de Riad Salamé. »
Arianna Zyad